mercredi 15 juillet 2015

LA CANCALAISE

Type :  bisquine.

Gréement :  Mâts en bois ; mât de misaine incliné en avant,  grand mât très incliné sur l'arrière , ces 2 mâts étant composés de 2 parties. Voiles au tiers sur  les trois mâts ; 2 huniers  (le plus haut est appelé perroquet) sur le mât de misaine et sur le grand mât. Le mât arrière est appelé tape-cul et nom mât d'artimon comme sur les grands voiliers. Au-dessus de la voile de tape-cul, il est possible d'établir un seul hunier, le "riquiqui". Son écoute passe sur une queue de malet fixe (que les Cancalais appellent "flèche en cul") et non sur un gui orientable. Foc et foc ballon, pouvant encore être appelé bonnette et ressemblant aux spis asymétriques modernes. Les huniers et le foc ballon, sur les bisquines d'autrefois, n'étaient utilisés qu'en régate.
Mâts souples, non haubanés, pouvant être soutenus par des bastaques sur le bord au vent. Le risque de rupture n'est pas négligeable si le bateau est surtoilé ou si les vagues sont trop brutales.


Matériaux : coque, pont et espars en bois.

Date et lieu de lancement : 1987 à Cancale (Ille-et-Vilaine)
Autres noms : Aucun, mais la bisquine ayant servi de modèle s'appelait La Perle.
Utilisation initiale : voilier de croisière et de sorties à la journée (réplique)
La Perle était un bateau de pêche : chalut à perche, drague à huîtres, palangres (lignes de fond).
Dernière nationalité connue : Française.
Dernier port d'attache connu : Cancale.
Dernière utilisation connue : Voilier de croisière et de promenade

Signification du nom : La Cancalaise : c'est la Dame de Cancale, l'emblème naviguant du port, évidemment. Elle est devenue aussi célèbre que les huîtres du même nom...
      Le mot bisquine dériverait de Biscayenne, c'est à dire bateau originaire de Biscaye (province du pays Basque, dont la capitale est Bilbao). Les Basques, qui pêchaient dans le golfe de Biscaye (que nous appelons plutôt golfe de Gascogne, en français), avaient en effet de grandes chaloupes gréées au tiers (voir Brokoa, par exemple) ; elles ont peut-être inspiré les pêcheurs de la baie du Mont-saint-Michel. Mais il existe aussi types d'autres bateaux à  trois mâts et voiles au tiers, comme les lougres (voir Corentin), ou les luggers cornouaillais.

Longueur hors-tout : 32,8 m
Longueur de la coque : 18,1  m
Longueur à la flottaison : 15,1 m
Largeur maximale :  4,8 m
Tirant d'eau maximal :  2,5 m
Tirant d'air :  m
Déplacement : 45 t .
Surface maxi de voilure : 350 m².


   État : régulièrement restauré et entretenu.

   Avant : Étrave verticale. Long bout-dehors horizontal. Inscription CAN87 sur chaque bord (on trouve cette inscription sur la grand-voile ; CAN pour Cancalaise, et 87 pour l'année de mise en service).

   Arrière : Voûte + tableau élancés. Le tableau porte le nom du bateau et le nom de son port d'attache.
 
 
   Coque : Noire, liston blanc .
   Superstructures : panneaux de pont et descentes, à peine visibles quand le bateau est de profil.
 
       La Cancalaise est la réplique d'une bisquine, type de bateaux répandus dans la deuxième partie du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle dans la baie du Mont-Saint-Michel, tant du côté breton (Cancale) que du côté normand (Granville).  Apparues  vers 1810, devenant vraiment nombreuses en 1843, elles ont connu leur apogée vers 1900  (près de 300 bateaux, entre Cancale et Granville).
     C'étaient à l'époque les bateaux de travail les plus toilés, et seuls quelques grands yachts étaient capables de les dépasser par petit temps ou par temps moyen. Ils portaient des voiles au tiers, les plus grandes ayant existé. Au-dessus des voiles au tiers, les bisquines portaient un ou 2 huniers, différents de ceux des grands voiliers par le fait que leur vergue est suspendue par un point situé au tiers de leur longueur (comme pour les voiles au tiers principales) ; alors que, sur les grands voiliers, les vergues sont suspendues par leur milieu.
       Les bisquines, grâce à la puissance de leur voilure, donc leur pouvoir de traction,  étaient surtout utilisés pour le chalutage. Durant une courte période, au printemps, les bisquines formaient des "caravanes" pour draguer les huîtres sur les bancs, de 6h du matin à 18 h. (principe qui rappelle les conditions actuelles de la pêche à la coquille Saint-Jacques, encore plus réglementée). Les huîtres sauvages ainsi pêchées étaient ensuite élevées par les ostréiculteurs de Cancale. Une caravane plus impressionnante que les autres a regroupé toutes les bisquines un jour de Pâques durant la première guerre mondiale et a inspiré un roman de Roger Vercel. Les équipages étaient de fins régatiers, qui essayaient  de ramener leurs huîtres avant les autres. Ils  aimaient disputer des courses les jours de fête :Les régates de Cancale  créées en 1845, sont parmi les plus anciennes connues..
       A partir de 1930, l'intérêt pour les bisquines a diminué peu à peu, au profit des bateaux à vapeur puis à moteur. A la veille de la deuxième guerre mondiale, elles avaient complètement disparu et on ne pouvait plus les voir que sur de belles photos ou peintures (celles de Marin Marie, notamment).
       C'est dans les années 1980 que ces photos et les souvenirs de quelques anciens, ainsi que le retour d'un intérêt pour les "vieux gréements" (les "old gaffers", comme on disait du côté des îles britanniques a fait germer, du côté de Cancale une idée : il faut reconstruire une bisquine ! Une association créée en 1984 décidait cette reconstruction ; celle-ci a été décidée à partir d'un plan,  relevé en 1958  par Jean le Bot, sur l'épave de  "La Perle"  (bisquine lancée en 1905) et publié dans un livre de 1979. Construite entre 1985 et 1987 à Cancale sous la direction du célèbre constructeur malouin Raymond Labbé, La Cancalaise a d'emblée soulevé l'enthousiasme des adhérents de l'association ; en 2010, La Cancalaise a navigué 146 jours et embarquer 400 adhérents ; elle peut aussi embarquer des groupes provenant d'entreprise ou d'établissements scolaires. 
          La Cancalaise participe à de nombreux rassemblements de voiliers anciens : Brest, Douarnenez, semaine du Golfe du Morbihan, entre terre et mer, etc... Elle y fait le spectacle, son équipage n'hésitant jamais à porter la voilure maximale possible selon la météo ; et les manœuvres, au ras des jetées ou des quais, sont toujours spectaculaires, et parfaitement calculées. Un des voiliers traditionnels les plus rapides aux allures portantes et par le travers, la bisquine est néanmoins moins à l'aise par forte brise au près, mais sa voilure très divisée est relativement facile à réduire
              Ci-dessous, une belle manœuvre devant la jetée de Tréboul, à Douarnenez.

      
On peut aussi la voir en Normandie (ci-dessous, à Diélette)

    Le voilier peut embarquer 16 personnes en croisière 25 à la journée et jusqu'à 42 en courtes sorties. Il faut au moins 7 bons équipiers pour en tirer le maximum.
    Lorsque la Cancalaise ne navigue pas, on peut l'admirer dans le cadre magnifique de l'anse de Port-Mer, entre a ville de Cancale et la pointe du Grouin. A moins qu'en hiver elle  ne soit à quai au port, ou en travaux sur un terre-plein. Une importante restauration a lieu cet hiver 2016 -2017, avec notamment changement du pavois.

     Une maquette au 1/5ème (un peu moins de 4 m) a été construite et est sortie de temps en temps. Elle est nommée La Garçaille. Lors de sa première apparition publique, elle avait remplacé La Cancalaise à son mouillage et les Cancalais, éberlués, avaient constaté à leur éveil le "rétrécissement" de leur belle bisquine. C'était un matin de premier avril....
 

 

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